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« Épée & Destin [Pv: Aerdris] »
Isley ;

Isley
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La première chose qui frappa Priam fut le bruit. Un vrombissement continu de voix et de vies, pareil au flot d’une rivière. Puis ce furent les odeurs. Un parfum fruité, se mélangeant aux effluves de pâtisseries qui flottaient au-dessus du quartier commerçant. Juste assez appétissant pour faire grogner son estomac. Puis, au croisement d’’une ruelle, son regard tomba enfin sur l’objet au centre de toute son attention : le marché. Ce n’était pas sa première visite, et pourtant, il était toujours aussi impressionné par cette scène aux mille couleurs. Les acheteurs se pressaient entre les stands, s’émerveillant entre les étales d’épices, d’étoffes et de bijoux. Plus loin se dressaient les échoppes qui séduisaient tant son estomac : des superbes boulangeries aux devantures sublimes. Il dû faire un effort titanesque pour ne pas succomber à la tentation des pâtisseries, et se dirigea d’emblée vers les stands proposant divers accessoires de voyage. Le marché de Neveria était suffisamment vaste pour trouver tout le matériel nécessaire à une expédition en contrée sauvage. Quand le colosse s’enfonça dans la foule, il sentit plusieurs regards glisser dans sa direction. Certains semblaient surpris, tandis que d’autres lui lançaient ces regards accusateurs que les Asmosiens réservaient aux étrangers. Mais le temps avait enseigné à Priam que l’indifférence était la meilleure des armes en Asmosa. Il allait donc continuer sa route, quand un attroupement attira son attention.

Intrigué, Priam s’avança. Bon nombre d’enfants s’agglutinaient près d’un étrange petit étale, mais bon nombre d’adultes semblaient aussi s’intéresser à la scène. Profitant de sa taille, le mercenaire allait jeter un œil, quand un gémissement attira son attention. Non loin de là, il remarqua la silhouette chétive d’un enfant, qui tentait vainement de se frayer un chemin dans la foule. Peine perdu, puisque certains enfants le poussaient sans ménagement, les autres refusant de s’écarter. Le mercenaire l’observa un instant, avant de s’approcher en silence. Quand deux grandes mains saisirent l’enfant par la taille, celui-ci échappa un hoquet de surprise. Il se retourna, interloqué, pour découvrir le visage de Priam, et son sourire satisfait. Tétanisé, l’enfant n’osa pas bouger quand le colosse le hissa sur son épaule, tout en le maintenant d’un bras solide. La surprise avait emporter la raison du garçon, et Priam lui indiqua d’un mouvement de la tête l’étale qui attirait tant son attention. Et réalisant que de son perchoir il pouvait enfin regarder le spectacle, le visage de l’enfant s’illumina d’un grand sourire. Priam n’ajouta pas un mot, se demandant si, dans cette foule, des parents étaient là pour veiller sur ce garçon.

Quand il posa enfin son regard sur le stand, il découvrit avec surprise un spectacle de marionnettes. Un pantin articulé, s’agitant avec une précision et une finesse stupéfiante. Priam ne détacha pas son attention de la représentation, l’observant avec une curiosité presque enfantine. Quand tout fut enfin terminé, Priam échangea un regard avec son petit protégé. Les étoiles qui dansaient dans le regard de l’enfant lui arrachèrent un sourire, et tout en le déposant au sol, Priam lui tendit deux pièces. Une pour le marionnettiste, l’autre pour lui, annonça le mercenaire avec un sourire amical. Le garçon se précipita pour remplir son devoir, avant de s’éloigner en lançant un grand geste de la main à Priam. Le mercenaire lui rendit son salut, puis reporta son attention sur l’artiste de rue. Il était curieux. Et quand la foule se dissipa, Priam fit quelques pas dans sa direction. Peut-être était son apparence ou son accoutrement, mais quelque chose chez cet homme lui suggéra qu’il n’était pas de Neveria. Peut-être pas même d’Asmosa.

« C’était un beau spectacle. Je ne connais pas beaucoup d’étrangers capable d’un tel succès dans les rues d’Asmosa. »

Il posa un œil curieux sur les marionnettes, puis reporta son attention sur l’homme. Sa curiosité était évidente. « Priam. Enchanté. » lança-t-il en guise de présentation, ajoutant un sourire sincère à son interlocuteur, curieux d’en apprendre davantage sur lui.
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« Le monde d’au-delà les mers …  une terre forestière s’étendant à perte de vue, et sur cette terre  un héros parcourait le monde. Ce héros, n’était autre que … »

La voix du narrateur jaillissait depuis un homme accroupi, le visage pleinement caché par un masque comique de renard, quasi intégralement blanc, si ce n’est une pierre bleue claire incrustée sur le front. La tenue de l’artiste, un kimono partagé en deux couleurs à parts égales. Représentant d’une vision du monde, une part noire, et une autre blanche. Dans son dos se trouvait deux queues de renards touffues et jaillissant jusqu’aux épaules du marionnettiste.

Pourtant, aussi étonnante pouvait être la tenue de l’artiste, pas un spectateur, en très grande majorité des enfants, ne semblait s’y intéresser tant leur regard était absorbé par tout autre chose, en l’occurrence une marionnette se tenant immobile, dans une position tout à fait héroïque. Cette marionnette, la plus célèbre de tout le continent, était Ashy Slashie, le renard bretteur et héros du royaume imaginaire de Divos.

« Ashyyyyyyyyyyy »

Hurlèrent les spectateurs après seulement quelques courtes secondes d’une pause, volontaire, dans la narration.

« L’Empereur-bretteur Ashy, sauveur des renardes et bourreau des malandrins. »

Les enfants, et même quelques parents, avaient les yeux brillant devant le spectacle, car enfin leur plus grand héros s’animait devant eux, combattant de terribles bandits, protégeant renardeaux et renardes, et ses mésaventures avec la princesse Goupil, rivale et amoureuse. Le reste de la représentation se déroula d’ailleurs avec une minutie exceptionnelle, les évènements s’enchainant avec grâce, jusqu’au grand final, qui amena la participation de plusieurs enfants.

Le spectacle terminé, les enfants se dispersèrent rapidement, trop excités à l’idée de revivre personnellement les aventures extraordinaires de leur héros. Puis un enfant, rien ne le distinguant particulièrement des autres aux yeux du marionnettiste s’approcha de l’artiste et déposa une pièce avec une fierté si grande qu’elle arracha malgré tout un sourire à Aerdris. L’enfant avait été perché sur l’épaule d’un colosse toute une partie de la séance, amusant furtivement l’artiste, qui remarqua alors que le guerrier en question accompagnait toujours l’enfant.

La voix du soldat surgit d’ailleurs à la plus grande surprise d’Aerdris, qui s’attendait à ce que l’individu disparaisse rapidement à la suite de son gosse, mais les deux semblaient dissociable puisque l’enfant disparut de son côté sans un regard, laissant l’adulte faire la discussion au marionnettiste bien embêté. D’ailleurs, la discussion manqua de tourner court alors qu’Aerdris ne répondait point à son interlocuteur, se contentant de pencher sa tête sur le côté, tout en restant toujours accroupi.

Puis, comprenant que l’autre attendait vraisemblablement une réponse, le marionnettiste blanc se redressa et fit bondir la marionnette d’Ashy jusqu’à son épaule droite ou le renard soldat s’installa bien sagement.

« Enchanté guerrier Priam, il est plaisant que mon spectacle te plaise. » Clama joyeusement Ashy. D’ailleurs le renard, morphologiquement humanoïde,  se trouvait vêtu d’une armure non affiliée, pouvant très bien convenir à l’esprit d’un Kireidien comme d’un Asmosien. Sa fourrure rousse détonait de par sa vivacité démontrant tout le soin avec lequel son propriétaire l’entretenait.

De son côté, Aerdris se contenta d’incliner sa tête dans l’autre sens, donnant l’impression de scruter le prénommé Priam sous toutes les coutures.

« Je suis Ashy, le bretteur et voici Aerdris le Marionnettiste Blanc, et nous ne sommes point des étrangers, toutes les terres sont pour nous des maisons, biens qu’elles soient tout autant des routes, et nos spectacles plaisent à tous les enfants qu’importe le nom de leur terre.

Toutefois, il est plus rare qu’un guerrier compte parmi nos spectateurs. La chose nous touche mais nous rend aussi curieux. »


Puis la marionnette se tut soudainement, laissant la voix plus grave et nettement moins chaleureuse d’Aerdris résonner à son tour.

« Tu sembles être quelqu’un d’intéressant Priam. »

Et l’artiste retourna à son mutisme. Soudain une autre marionnette surgit pour atterrir sur l’épaule encore libre, Goupil la princesse guerrière. La renarde possédait elle une fourrure blanche immaculée, la même tenue guerrière mais plus féminine que son compère  renard.

« Pour quelle raison as-tu décidé de nous aborder guerrier ? »

La voix, indéniablement féminine semblait provenir réellement de la marionnette, l’avantage d’une ventriloquie maîtrisée. Ne restait plus maintenant qu’à attendre la réaction du soldat, la fuite, les injures ou la curiosité. Dans tous les cas, Aerdris aura déjà vécu la situation.

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La représentation termine, une sorte d’euphorie contagieuse semblait s’être diffusée au travers des spectateurs. Les enfants s’en allaient déjà, débordant d’une énergie nouvelle, tandis que bon nombre d’adultes se fendaient d’un sourire en retournant à leurs vies respectives. Ce fut un élan de curiosité qui poussa Priam à s’avancer vers le stand, une fois la représentation terminée. Ses premières paroles furent somme toute assez banales – juste de quoi engager une conversation – mais le marionnettiste ne semblait pas l’entendre de cette oreille. Il n’esquissa pas l’ombre d’une réponse, penchant à peine la tête comme pour signifier à Priam que son commentaire avait bien été noté. Le mercenaire haussa un sourcil. Il avait été habitué à des artistes de rue plus bavards, parfois même trop. Visiblement, le marionnettiste était plutôt du genre excentrique. Ceux-là étaient plus rares. Et parfois plus intéressants. Après un instant de flottement, l’attente de Priam se solda enfin par une réponse. Quand l’homme aux marionnettes se redressa, son pantin – Ashy, le héros – bondit sur son épaule. Sa voix claire et son timbre jovial s’élevèrent pour répondre au mercenaire, lui arrachant un sourire. Le charme d’un spectacle de ventriloquie était précisément cette capacité à faire naître des personnages aux caractères distincts, au point de confondre le vrai du faux. Instinctivement, Priam se surprit à poser son attention sur Ashy, accordant parfois quelques regards à Aerdris. Ainsi, le marionnettiste menait une vie nomade, détachée des concepts de territoires et de nations. Cette idée fit germer un doux sourire sur les lèvres du mercenaire. Puis la marionnette exprima une certaine curiosité à l’idée d’un combattant s’intéressant à un spectacle de rue. Une idée sur laquelle surenchérit une autre voix. Le marionnettiste, Aerdris, semblait bien plus distant et détaché que ne l’étaient ses personnages. Priam l’observa un instant, quand une troisième voix résonna : Goupil, princesse du spectacle. La véracité des voix était saisissante, mais pas autant que la manière dont se déplaçaient les pantins. Le mercenaire croisa les bras, et laissa son regard observer les différents protagonistes qui lui faisaient désormais face.

« J’étais curieux moi aussi, avoua-t-il sans détours. J’imagine que rares sont les guerriers qui prennent encore le temps de s’arrêter pour regarder un spectacle. Ce sont pourtant ces instants qui nous rappellent que nous sommes en vie, murmura-t-il, une ombre dans le regard. Il se reprit rapidement. Et j’aime assez l’idée que toutes les terres soient vos maisons. Chez soit partout dans le monde… Les choses seraient plus simple si tout le monde pensait ainsi. »

Il termina sa phrase en posant son regard sur Aerdris. Quelqu’un d’intéressant… Il aurait été curieux de connaître la raison de tels propos, mais il n’en fit rien.

« Mais j’étais aussi impressionné, expliqua-t-il, continuant à énoncer la raison de cette soudaine discussion. Je n’avais encore jamais vue une telle technique. Le marionnettiste blanc… Je suppose que je n’ai pas affaire à n’importe qui. »

Bien entendu, il aurait aimé connaître les secrets de l’artiste, mais il n’était ni assez idiot, ni assez impoli pour l’interroger à ce sujet. Une autre idée lui vint alors à l’esprit, et il profita de l’occasion pour glaner quelques renseignements.

« J’aurais peut-être un service à vous demander. Vous qui connaissez certainement la ville, vous pourrez peut-être m’indiquer où trouver l’Antre du Savoir ? »

Les habitants n’étant pas nécessairement très conviviaux avec les étrangers, Priam avait peut-être là une occasion d’éviter quelques discussions désagréables pour trouver l’objet de ses recherches. Même si cette question risquait d’attiser la curiosité de marionnettiste.
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Ashy semblait très heureux des propos du prénommé Priam et souriait à pleines dents, bien qu’il n’en possède aucunes. De son côté Goupil se contentait de froncer ses sourcils, donnant l’impression de se méfier, voire de ne guère apprécier le guerrier se trouvant devant elle. Quant à lui, Aerdris scrutait fixement, sans jamais ôter son masque, Priam, sa tête toujours penché.

Finalement c’est Goupil qui prit la parole en première.

« Très rare en effet, d’où ma surprise, soldat. » Un court instant de silence, et un long regard vers l’immense espadon du guerrier. « Et de notre côté, lorsque des soldats s’approchent de nous, ce sont ces moments qui nous rappellent que nous pouvons la perdre rapidement, la vie. »

Aerdris scruta alors soudain Goupil qui détourna la tête, comme pour ignorer l’existence de l’individu lui faisant face. Quelques nouveaux instants de silence, avant qu’Aerdris retourner son attention vers le colosse lui faisant face.

« Qu’importe de toute manière comment pensent les gens, rien ne changera pour eux de toute manière. »

Et le marionnettiste Blanc haussa les épaules comme s’il s’en moquait. Alors Ashy tapota le sommet du crâne d’Aerdris, comme avec pitié, et pris la parole à la suite.

« C’est normal soldat que tu sois impressionné, tu fais face au meilleur marionnettiste de tout le continent … » Mais avant qu’il puisse continuer, la voix d’Aerdris résonna soudainement, clamant une courte phrase. « Le deuxième malheureusement. » intervention qu’Ashy ignora complètement, reprenant comme s’il n’avait jamais été coupé.

« Pour ce qui est de la technique, elle n’est pas encore pleinement parfaite. Bien des représentations et des voyages seront encore nécessaire.

Et pour l’Antre du Savoir, nous pouvons très certainement vous accompagner jusqu’à ce lieu. Nous avons largement le temps avant la prochaine représentation, et puis il est impossible pour nous d’abandonner un spectateur.

Suivez nous donc. »


Et Ashy bondit par terre et invita le soldat à le suivre d’un geste de la main. Aerdris se contenta de suivre la marche sans la moindre réaction. De son côté Goupil resta sagement sur l’épaule de son créateur. Deux autres marionnettes, l’odieux Anto, caméléon et ennemi juré d’Ashy, s’agrippa au bras gauche du marionnettiste, tandis que son laquais, Aksel le serpent à sonnette enroula sa queue autour du bras droit de son créateur.

Tout l’équipe prête, la troupe se mit en route pour l’Antre du Savoir, tout en ignorant complètement comment s’y rendre. Mais de toute manière ils étaient destinés à y arriver, alors pourquoi s’intéresser au comment ?
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Durant un instant, Priam oublia que toutes ces voix n’étaient que le reflet que d’une seule et même conscience. Que ce soit leurs attitudes ou leurs manières de s’exprimer, chacun des personnages – dont Aerdris lui-même – semblait animé d’une volonté propre. Sans doute était-ce là l’étendu du talent d’un marionnettiste. Si lui-même était en proie au doute, difficile de reprocher aux enfants d’idolâtrer Ashy le renard comme un être à part entière. Et ce même doute poussa Priam à répondre au commentaire de Goupil. « J’imagine en effet. Mais une lame est autant capable de tuer que de protéger. » de vieux souvenirs caressèrent sa mémoire alors que ses lèvres prononçaient ces mots. Il avait déjà eu cette discussion avec sa jeune sœur, bien avant que celle-ci ne succombe à la maladie. Ce fut presque mécaniquement que Priam coupa court aux stigmates de son passé, comme si une partie de lui refusait de l’affronter. Pour le moment, les propos d’Aerdris l’intriguaient davantage. Ces phrases étaient brèves, courtes, mais portaient cette marque, l’emblème de ceux qui connu bien des maux au cours d’une vie à peine à son zénith. C’était ce trait de sa personne qui éveillait la curiosité de Priam, et peut-être était-ce pour cela qu’il n’était pas aussi indifférent à son jugement que d’accoutumée. Puis, Ashy revint dans la conversation. Son timbre euphorique était le parfait opposé de celui d’Aerdris, ce qui amusa Priam. La marionnette ne fut pas avare en compliments concernant Aerdris, même si celui-ci précisa n’être que le deuxième plus grand dans son art. Dans d’autres circonstances, Priam aurait sans doute suspecté une pointe de vantardise. Mais pas cette fois-ci. Pas après la représentation que le marionnettiste avait donné. Puis, Ashy proposa à Priam de l’accompagner en personne – plus ou moins – vers sa destination : l’Antre du Savoir. Il avoua lui-même que le temps ne serait pas un problème, et Priam décida de ne pas passer à côté d’une telle occasion. « Merci. Ça serait avec plaisir. » il ajouta un hochement de tête respectueux et un sourire à ces propos, signe d’une réelle sympathie pour l’étrange personnage devenu son guide de fortune.

« Votre dévotion à vos spectateurs vous honore, plaisanta-t-il, avant de poser un regard plus curieux sur Aerdris. Il réalisa alors que d’autres protagonistes du spectacle avaient rejoint le marionnettiste. Priam était certain qu’il aurait été capable de retrouver le nom de chacune des marionnettes. Je n’aurais pas imaginé un tel esprit de compétition chez les marionnettistes. J’ose à peine imaginer tout le travail nécessaire pour atteindre un tel niveau. Surtout pour quelqu'un qui vise le sommet. »

Ils s’enfonçaient dans les ruelles, Priam scrutant attentivement les alentours. Il aurait été incapable de dire s’ils allaient dans la bonne direction, mais tenta malgré tout de trouver des repères. Mais cette marche était aussi l’occasion de poser quelques questions.

« Comment décide-t-on un jour de consacrer sa vie à monter des spectacles de marionnettes ? »

C’était une question sincère, posée d’une voix blanche. Il avait une réelle curiosité dans sa voix. Il n’avait jamais connu de telles aspirations, et peut-être pour élargir ses horizons, ou simplement pour imaginer sa vie autrement, il avait l’envie sincère de connaitre la réponse à cette question.
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La troupe s’avançait en toute quiétude, grandement aidé il est vrai par le désintérêt flagrant des locaux envers ce binôme d’étrangers. Bien sûr de nombreux regards scrutaient avec surprise, dégoût ou admiration les diverses marionnettes s’agitant sur Aerdris, mais aussi et surtout sur celle guidant les voyageurs, Ashy le héros renard. Toutefois Priam semblait suffire à repousser les rares badauds qui auraient pu surmonter leur xénophobie latente, aussi l’avancée fut aisée et la discussion tout autant.

Celle-ci fut d’ailleurs largement centrée sur la carrière du marionnettiste, et les raisons de sa passion. Des interrogations bien intimes en vérité, mais il n’y avait jamais eu de sujets tabous pour le Marionnettiste Blanc aussi il ne tiqua nullement, et le dialogue se prolongea sans gêne. Ce fut Anto qui prit la parole en premier, Goupil ignora, de son côté, complètement la réponse du soldat à sa pique.

« Il n’y a nulle dévotion, tueur. Les spectateurs nous suivent parce que nous racontons des histoires qui correspondent à ce qu’ils sont programmés pour aimer. Après tous, des marionnettes ne peuvent qu’aimer des histoires de marionnettes. »

Et le caméléon ricana tandis que qu’Aksel prenait sa suite.

« En vérité il n’y a pas de compétition. Les autres marionnettistes sont des artistes, des gens du théâtre. Ils ne font que répéter les œuvres du passé, ou adapter des histoires réelles. De plus les marionnettistes se comptent sur les doigts de deux mains, et la plupart sont désormais des vieillards séniles. Le talent de marionnettiste se perd, tant est si bien qu’il a déjà existé. »

Et le serpent darda ses pupilles sur le soldat, sifflant entre ses mâchoires  de bois. Ashy s’arrêta soudain et s’approcha de Priam.

« Nous ne visons pas le sommet Priam. Enfin pas celui que tu as en tête. » Clama tout d’abord le renard jovial, rapidement suivi de la voix plus grave et neutre de son créateur. « Et pourtant, même sans le savoir il vise le bon sommet. Car après tout le seul sommet à franchir est bien détenu par le meilleur d’entre nous. »

Ashy ignora complètement, à nouveau, l’intervention d’Aerdris et continua sur sa lancée.

« Le métier de marionnettiste est ce qu’on appelle vulgairement, une passion. Toutefois le mot n’a en vérité aucun sens, aucune substance. Le Marionnettiste Blanc est parce que le destin est. »

Et le Renard bretteur haussa les épaules de la même manière que son créateur.

« Tout comme tu es un guerrier parce que le destin t’a façonné. Tu pourrais changer, devenir marionnettiste, mais tu ne le feras pas, car aussi sûrement qu’une épée peut protéger, la lame destinée au combat finit par s’émousser et briser. Et ta lame à toi guerrier, est bien trop entretenue pour briser maintenant. »

Finalement le silence s’installa, puis Aerdris fit face à Priam et ôta son masque, dévoilant sa crinière blanche, et sa peau aussi pâle que l’albâtre.

« Je suis devenu Marionnettiste parce que le destin me passionne. Comprendre le chemin d’un homme est la chose la plus passionnante qui soit, en maîtriser la direction, un art parfait mais impossible. En mouvant mes marionnettes, je maîtrise les fils de leur destin, je suis créateur et maître d’œuvre. Orateur et bâtisseur, artiste et ingénieur, père et bourreau.

L’art des marionnettes est la chose se rapprochant le plus de l’amour véritable. En créant, j’aime, en animant, j’aime. Et en me mettant en scène, je permets aux autres de mettre une image  sur ce qu’ils ressentent. Une scène de mon spectacle vaut milles mots. »


La réponse d’Aerdris était si longue qu’elle lui laissa la gorge sèche, et une étrange sensation grisante. Les marionnettes scrutèrent avec intérêt leur créateur et semblèrent décidées à garder le silence en hommage à la déclaration de leur père et être.

Puis le Marionnettiste Blanc leva son bras et pointa du bout du doigt une bâtisse magnifique se trouvant derrière le dénommé Priam. Sur la façade était inscrit « Antre du Savoir. »
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Il était donc là, marchant en ville auprès du marionnettiste et de ses pantins. Conformément à la requête de Priam, ils vadrouillaient en direction de l’Antre du Savoir. Mais rapidement, la quête de l’illustre librairie était passée au second plan. Sa discussion avec Aerdris avait quelque chose d’intriguant, une sorte de pensée tacite que le mercenaire avait bien du mal à identifier. Quelque chose le chagrinait, l’intriguait au sujet de cet homme. Bien entendu, sa discussion avec la cohorte de marionnettes aux caractères divergeant n’étaient pas pour simplifier les choses. Et malgré tout, quelque chose restait en suspend dans son esprit. Le prochain à répondre aux propos du mercenaire fut d’ailleurs Anto, un pantin jusque là resté silencieux. Plusieurs fois déjà, Priam avait été traité de tueur. Mais dans la bouche d’un personne qui – quelques minutes plus tôt – jouait encore le rôle du méchant de l’histoire, le commentaire avait une nouvelle saveur. Ces propos furent néanmoins tristement réalistes, réduisant la liberté des hommes à un vague murmure. Il aurait dû s’insurger, défendre des idéaux plus nobles, faire les éloges du souffle de liberté animant le cœur des hommes. Et pourtant, Priam se mura dans un silence lourd de sens. Puis, un autre personnage – le serpent – exposa à Priam la situation actuelle des marionnettistes. Un art devenu rare. Un sifflement ponctua sa phrase. Mais très vite, ce fut Ashy qui s’approcha, offrant à Priam une réponse qui piqua sa curiosité. Ils visaient un autre sommet. Cette phrase déclencha quelque chose en lui, comme si le chemin vers la question qui le taraudait tant venait de s’ouvrir devant lui.

Le commentaire d’Aerdris ne fit qu’attiser davantage sa curiosité. Mais très vite, un nouvel élément s’ajouta au puzzle qu’était le Marionnettiste Blanc. La notion de destin. Un destin qui avait fait de l’un un marionnettiste, et de l’autre un guerrier. Un destin qui pousserait Priam à continuer sur la voie de la guerre. Ses sourcils se froncèrent, comme si ces mots avaient un goût aigre. Une partie de lui refusait de se soumettre à cette idée, de courber l’échine devant la réalité d’une vie de combat. Mais un fragment de lui, plus tacite, avait conscience que sa vie ne serait que sang et batailles pendant encore bien des années. « Nous serions nous donc emprisonné par notre destin ? Incapable de nous en arracher ? », ce murmure, cette pensée, était inacceptable pour Priam. Mais finalement, ce fut un geste d’Aerdris qui l’arracha à sa controverse. Pour la première fois, le marionnettiste ôta son masque. Il dévoila ainsi son visage, sa peau blême et ses cheveux de neige. Et, pour la première fois, il partagea une vraie conversation avec celui-ci. Durant les secondes qui suivirent, Priam se sentit comme bouche bée. Une certaine surprise s’était insinuée sur son visage. Le temps de quelques phrases, l’homme distant et taciturne était devenu une autre personne. Une entité de cœur et de passion, partageant par les mots sa flamme la plus intime, la plus personnelle : celle qui avait façonné le cours de sa vie. À l’entendre, Priam comprit que jamais Aedris n’aurait été capable de mener une autre vie. Il était là où il devait être. Et surtout, il comprit enfin ce qui l’intriguait tant chez l’homme en question. Le marionnettiste ne semblait animé ni par l’appât du gain, ni par la fierté, et encore moins par l’orgueil. C’était la source de son talent qui avait tant échappé au mercenaire. Et désormais, elle était sous ses yeux. La réponse à sa question. C’était la passion, qui poussait Aerdris à être ce qu’il était. Quand les mots s’estompèrent dans la brise, Priam ne trouva rien à redire. Ce fut l’index d’Aedris qui capta son attention. Ainsi, le mercenaire découvrit la superbe façade, où reposaient les mots « Antre du Savoir ».

« Merci, répliqua-t-il machinalement vous m’avez été d’un grand secours. Il était arrivé. Néanmoins, il avait décidé que la marionnettiste avait mérité une brève explication. Je sais désormais pourquoi je tentais tant à vous parler. J’avais besoin de comprendre quelles raisons vous poussaient à vouer votre vie à votre art. C’est désormais chose faite. Il le fixa un instant, avant de reprendre. Mais aucun destin ne guide ma route. Je dois ma vie à mes choix, et rien d’autre. Ce n’est pas le destin qui me pousse à me battre, mais ma seule volonté. »

Un éclat fort brillait dans son regard, comme une détermination farouche. Il n’était pas question que des chaînes imaginaires décident de son chemin. Il serait seul maître de son destin, quand bien même certains prétendraient le contraire. Et s’il avait la force de se battre, alors il aurait celle de prendre son existence en main. « Adieu. » termina-t-il d’un ton solennel, avant de disparaître derrière la porte menant à l’illustre librairie de Neveria.
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