remember the past... it isn't a good idea
il y'a toujours eu quelque chose de candide dans son sourire dans ses gestes ses jambes qui s'agitent qui battent l'air quand elle est assise et même dans sa manière de rire à gorge déployée une main posée sur la bouche
dans ses colères ses caprices et ses larmes
et dans l'éclat de son sourire qui était comment dire si franc si délicat avec vous comme si elle voyait dans votre baume un présent une chaleur familière qui l'enveloppait doucement et qui la réconfortait de ses grands chagrins
((un rien un peu trop volatile))
car elle a préféré oublier
cesser de songer à quand elle était dans cette maison dans laquelle elle vit toujours cette maison douillette au charme certain ((elle n'a jamais manqué de rien après tout n'est-ce pas))
un de ces châles ternes qu'elle se complaisait à poser sur ses épaules fragiles et elle patientait devant cette cheminée au feu ardent en chantonnant insouciamment devant inconsciente
désabusée
complètement inerte malgré le drame d'il y'a quelques mois
et le ragoût cuisait
rien de bien luxueux rien de raffiné juste de quoi tenir au ventre juste de quoi
s u r v i v r e
un verbe qu'elle aimait dire et la raison de pourquoi elle vous a laissé rester dans sa demeure
et elle servait dans ces bols en bois gravé qu'elle affectionnait tant floraux et sans excès la nourriture
et elle servait le dernier repas
sans le savoir
et les coins de ses lèvres se relevaient avec conviction s'asseyant sur une des chaises et posant le bol face à elle patientant sans impatience votre arrivée
votre retour qui ne devait tarder
et vous prenez la parole et elle est là passionnée par vos mots accrochée à vos lèvres car elle est ainsi iris elle avale tout ((éponge)) elle est de ces personnes qui vous regardent avec des yeux doux et intéressés
et d'abord elle hausse un sourcil et lâche un rire un
ce n'est rien, c'est tout à fait normal.et elle se saisissait de sa cuillère en voyant qu'à votre tour vous êtes assis remuant doucement la denrée distraite sans cesser de vous fixer vous vous et encore vous
(elle bat un peu des jambes sous la table)
et elle sent et son coeur bat plus vite quelque chose ne va pas la tiraille et elle pince les lèvres puis vous écoute prunelles plongées dans les vôtres
et ses lippes s'entrouvrent à cette question qui n'en n'est pas une elle abandonne ce qu'elle tenait dans la main une drôle de moue sur le visage sans doute un peu bizarre qui défigure ses traits conservés
elle répond dans un souffle car elle s'est attachée à vos pas à vous à votre personne votre sagesse et même vos erreurs
car elle était désespérée
(désespérément seule)
comment ça ? je veux dire enfin- tu- tu ne me déranges point ! tu sais très bien que-que tu peux encore rester le temps que tu veux, j'apprécie fortement t'avoir à mes côtés.et elle décroche le contact visuel posant ses avant-bras sur la table de bois
pourquoi veux-tu partir ? je suis ennuyeuse ? ennuyante ?